Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/86

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donc ? Votre petit frère fume, votre père oublie sa canne et ses bottes, tout cela n’est que très-naturel ; pourquoi voulez-vous que je m’emporte, moi ? Non, croyez-moi, je suis calme, très-calme.

— Albert, que vous êtes cruel ! De grâce ne me repoussez pas sans m’entendre. Si vous saviez ! J’étais pure quand j’étais sans besoin. — Si vous saviez jusqu’où peut pousser la faim et la misère !

— Et la paresse, madame.

— Albert, que vous êtes cruel ! »

À ce moment, dans un cabinet voisin, partit un éternuement formidable.

« Ma belle louve, est-ce votre père qui oublia hier cet éternuement, dites-moi ? De grâce, ayez pitié, il fait froid, il s’enrhume, ouvrez-lui donc !…

— Albert, Albert, je t’en supplie, ne fais pas de bruit dans la maison, on me renverrait, je passerais pour une ceci ! Je t’en prie, ne me fais pas de scène !

Calmez-vous, señora !…… »

Mais Passereau n’écoute pas. Passereau n’a pas été trompé. — Passereau mettrait « sa main au feu » que Philogène lui est fidèle. « Eh bien, dit Albert, adieu, Passereau. Je te donne un mois, et tu m’en diras de bonnes ! » Passereau hausse les épaules et prend un cabriolet pour aller voir sa maîtresse. — « Où allez-vous, monsieur ? — Rue de Ménilmontant. — Baste ! la course est loin !