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Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/95

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lets que personne n’avait touchés ! Et pourtant, il valait d’être étudié, ce volume, ne fût-ce que pour le prologue en vers qui précède le roman, — superbe portique d’une œuvre défectueuse. Cette introduction est assurément ce qui est sorti de plus remarquable de la plume de Borel.

Une douleur renaît pour une évanouie ;
Quand un chagrin s’éteint, c’est qu’un autre est éclos ;
La vie est une ronce aux pleurs épanouie.

Le ton navré est cette fois touchant, et pour une heure les grincements de dents ont cessé. Hésitant et non plus irrité, inquiet, troublé, le poëte s’interroge, résiste tour à tour et s’abandonne au doute, à ses instincts divers, à cette triple nature qui compose son idiosyncrasie.

Dans ma poitrine sombre, ainsi qu’en un champ clos,
Trois braves cavaliers se heurtent sans relâche.

Nous avons tous au fond du cœur deux ou trois de ces cavaliers fantastiques dont parle Borel, et que nous entrevoyons, dans