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Page:Claretie - Victor Hugo, 1882.pdf/41

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avait pas lu une ligne. La conversation de ce grand lettré lui suffisait.

— De George Sand, je n’ai lu qu’une nouvelle, la Marquise, nous disait-il encore, il y a bien longtemps.

D’un homme qu’il aime, Victor Hugo dira plus volontiers : « Il est bon » que « il est grand. » « Je mets, répète-t-il, la bonté au-dessus de tout. » Cette mansuétude patriarcale ne va point, au surplus, sans traits satiriques. Il a sur ceux qui le raillent des mots qui valent de longs articles. Il disait de M. Thiers : « Ce n’est pas l’homme du siècle, c’est l’homme de la minute ».

Quand on lui donne à entendre qu’un article désagréable a pu paraître dans un journal : — Laissez-moi croire pour mon amour-propre, répond-il en souriant, qu’il n’y a pas aujourd’hui un journal seul qui m’éreinte, comme on dit. J’aime à penser qu’il y en a plusieurs !

Il faudrait un volume tout entier pour peindre Victor Hugo, — l’ancêtre, le père, — dans l’intimité de sa vie et, pour bien préciser, pour le mieux caractériser encore, dans l’affabilité de son génie. À celui-là nous devons tous quelque joie profonde, quelque émotion noble, quelque