Page:Claretie - Victor Hugo, 1882.pdf/40

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maintenant. Je me continuerai en me sublimant. Je suis le têtard d’un archange !

Imaginez un autre de nos contemporains poussant un tel cri, je vous en défie.

Quel livre ce sera, s’il est jamais écrit, que celui où l’on trouvera mêlés l’immense érudition du poète — qu’on lui a contestée — et ses trouvailles de mots et d’inventions, ses vastes idées, aux envergures larges. Je voudrais définir les propos de Victor Hugo que je n’y réussirais guère qu’en montrant un étonnant mélange de saillies rabelaisiennes et de visions dantesques.

— Je ne lis guère, nous disait-il un jour, que les livres qu’on ne lit pas, les vieux bouquins dépareillés. D’un écrivain moderne, un livre caractéristique me suffit pour connaître tout son génie, comme un os suffisait à Cuvier pour reconstruire un mastodonte !

Qu’on réfléchisse à cette profession de foi : toute l’érudition étrange et écrasante de Victor Hugo dans l’Homme qui rit, dans l’Âne, sera expliquée, comme la divination même avec laquelle il comprend un homme, romancier ou poète.

Il admire, d’ailleurs, sur la foi d’autrui ceux qu’il aime. Il adorait Gustave Flaubert et n’en