Nous avions choisi clés moyens de transport difficiles. Au lieu de gagner Bakou par train, nous avions décidé de faire une partie du trajet, la plus longue possible, en automobile.
Ainsi avons-nous traversé une contrée qui sera longtemps encore une terra incognito, pour les automobiles, la Bessarabie ; nous avons visité la Crimée à la belle corniche ; au Caucase, la pluie et la neige, plus que les récoltes, nous arrêtèrent ; après quelques excursions autour de Batoum et de Koutaïs, nous avons pris le train, et les autos aussi ; en Perse, tandis que l’un de nous s’efforçait en vain de passer en machine les infranchissables montagnes qui défendent près de Tabriz le haut plateau de l’Iran, nous atteignions en automobile la seconde ville sainte de l’empire des Chahs, Koum, où repose sous la coupole dorée d’une mosquée hautaine sainte Fatmeh, sœur de l’imam Rëza dont le corps rend Mesched sacrée. A Koum, la benzine nous fit défaut. Nous connûmes les horreurs de la traversée du désert en diligence persane avant d’atteindre le paradis d’Ispahan.
Et étant arrivés là-bas dans la sixième semaine du voyage, après avoir vaincu de grandes difficultés et enduré des souffrances variées, nous nous sommes sentis très loin de Paris et des nôtres. « tant à cause de l’énorme distance des lieux que de l’interposition des grands fleuves, empêchement des déserts et objection des montagnes. »
Nous avons vécu à Ispahan une semaine inoubliable.
Nous emmenions deux jeunes femmes avec nous, ou plutôt nous emmenaient-elles, tant étaient vifs leur enthousiasme, leur gaîté, leur courage, leur volonté d’arriver quand même.
Ces jeunes femmes étaient habituées à la paresse, au confort, au luxe. Elles ont connu les nuits sans sommeil, les nourritures insuffisantes, les gîtes malpropres, le froid de l’aube, le vent glacé dans les