Aller au contenu

Page:Claude ANET-les rose d Ispahan la perse en automobile.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

machines sont hissées de la même manière. L’embarquement a pris deux heures, non sans force jurons russes, roumains, turcs, voire français. Nos oreilles commencent à s’habituer au niet et au da slaves, Emmanuel Bibesco déplore la facilité avec laquelle il s’assimile les langues étrangères et l’imprudence qu’il a commise en apprenant le russe, car déjà nous le harcelons de questions qui ne sont pas oiseuses.

Nous quittons Galatz avec un grand retard, ce dont le capitaine ne se soucie. Sur le quai, un groupe de femmes du peuple, le visage entouré d’un foulard blanc, font des gestes d’adieu à un pauvre conscrit qui part pour la guerre, pour la lointaine et sanglante Mandchourie, Les femmes douloureuses restent à voir le bateau glisser lentement sur les eaux jaunes du fleuve ; elles pleurent et cachent leur figure dans leurs mains,

Une heure plus tard, nous arrivons à Reni, douane russe. Mais nos recommandations sont adressées aux autorités d’Ismaïlia, où nous débarquerons. Les douaniers de Reni sont lents à persuader. Il faut deux heures pour les convaincre. Emmanuel Bibesco continue à être notre interprète.

Cependant nous déjeunons sur le pont ; nous sommes cuits par un soleil d’orage. Pourquoi ne partons-nous pas ? Des officiers arrivent sur la colline où sont les bâtiments de la douane. Et nous apprenons qu’on attend le gouverneur général de la Bessarabie. Est-ce pour nous qu’il s’est dérangé ? A l’avance, nous sommes très mal prévenus en faveur des fonctionnaires russes. Le gouverneur arrive avec une escorte d’officiers magnifiques. II se dirige vers le parc des autos sur le pont, les examine, discute longuement avec le capitaine. Déjà nous nous Soyons le passage refusé, des difficultés douanières à n’en plus finir.

Il part enfin, et nous apprenons alors que cet homme aimable a donné ordre de faciliter de toutes manières notre voyage dans son gouvernement…


Descente du Danube sur Ismaïlîa ; les premiers cosaques se montrent à gauche ; un cavalier sur un petit cheval se promène le long du fleuve.

A droite c’est la Dobroudja roumaine, une plaine arrêtée par des montagnes peu élevées, de lignes accidentées. À gauche la Bes-