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Page:Claude Boyer - Les amours de Jupiter et de Sémélé, 1666.djvu/53

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C’est Junon elle-même avec la foudre en main.
Pourquoi cet équipage, et quel est son dessein ?
De ce faux Jupiter qui m’ôte ce que j’aime,
Me vient-elle venger, ou se venger soi-même ?
Bergers qui la voyez descendre dans ce bois,
Pour hâtez son secours, prêtez-moi votre voix.

Chanson.

Reine des vents Maîtresse des tempêtes
Épargnez nos champs et nos têtes,
Et sur ce ravisseur tournez ce grand courroux,
À ce triste mortel il ravit ce qu’il aime :
Vous voyez sa douleur, vous savez par vous-même,
Tout ce que souffre un cœur amoureux et jaloux.

JUNON en descendant sur le Théâtre.

Tu me vois Alcméon au milieu des nuages
Par un soin inutile exciter des orages,
Et pour des vains efforts prêter à mon courroux,
Ces traits que j’ai surpris à mon perfide époux.
Jupiter à mes yeux dérobe son amante ;
Son amour tout puissant, rend ma haine impuissante.
Vents, tempêtes, éclairs, enfants de ma fureur,
Qui ne semez ici qu’une vaine terreur,
Évanouissez-vous : l’artifice et l’adresse
Vengeront mieux que vous ma gloire et ma faiblesse.

Junon étant descendue.

Toi Prince d’Argos approche et n’appréhende rien,
Nos malheurs sont communs et ton sort est le mien :
Une ingrate Princesse à ta flamme infidèle,
Triomphe d’un mortel, et brave une immortelle,
Et sa fière beauté par un malheur fatal
Rend Jupiter perfide, et le fait ton rival.

ALCMÉON.

Jupiter mon rival ? Que dites-vous Déesse ?
Le rival dont j’osais mépriser la faiblesse,