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Page:Claude Boyer - Les amours de Jupiter et de Sémélé, 1666.djvu/63

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Scène IV.

JUNON déguisée en Mercure, SÉMÉLÉ, deux Amours.
JUNON.

Oui je viens de sa part vous tirer d’une erreur,
Qui vous livre aux désirs d’un infâme imposteur.
Un amant qui se cache et qui n’ose paraître
Se nomme Jupiter et se vante de l’être ;
L’Enfer prête à sa flamme un merveilleux pouvoir,
Et tout ce qu’en ces lieux ces charmes vous font voir
N’est qu’une illusion d’images empruntées,
Et le pompeux amas de beautés enchantées.

SÉMÉLÉ.

Est-ce vous que j’entends, Mercure ? Quoi Vénus
L’Aurore et d’autres Dieux si grands et si connus,
Ont-ils autorisé cette lâche imposture ?
Contre leur témoignage en croirai-je Mercure ?

JUNON.

Non non n’en croyez pas le fils de Jupiter,
De cette douce erreur vous devez vous flatter ;
Mettez dans votre esprit cette belle chimère ;
Dites, pour vous tromper que je trompe mon père :
Puisque Europe autrefois eut de quoi le charmer,
Vous êtes de son sang, il peut bien vous aimer ;
Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il aime des mortelles,
Et l’on peut vous compter au nombre des plus belles ;
Tout le Ciel a-t-il rien, qu’on vous peut comparer ?
Jupiter à Junon vous a dû préférer :
Elle est Reine du monde, elle est belle et déesse ;
Mais enfin elle est femme et vous êtes maîtresse :