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Page:Claude Boyer - Les amours de Jupiter et de Sémélé, 1666.djvu/67

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Scène VII.

JUNON, MOMUS.
MOMUS.

Ah ? Mercure est-ce toi ?
Viens-tu pour mon honneur reprendre ton emploi ?
Tu sais quelles raisons m’ont fait prendre ta place ;
Mais j’aime mon métier, et le tien m’embarrasse.
Il faut pour ce commerce un confident discret,
Et je suis fort mal propre à garder un secret.
De l’emploi de censeur, je ne puis me défaire :
Mon métier vaut celui de Jupiter ton père :
Qu’il dispose de tout, qu’il règne dans les Cieux,
Qu’il gouverne à son gré les hommes et les Dieux,
Il a droit de tout faire, et j’ai droit de tout dire ;
Il est armé de foudre, et moi de la satire :
L’empire d’un censeur va plus loin que le sien ;
Il épargne les Dieux, et je n’épargne rien :
Quand je puis censurer selon ma fantaisie,
C’est un plaisir qui vaut toute notre ambroisie.
Toi qui fais vanité de plaire et de flatter ;
Toi qui trahis Junon pour servir Jupiter…
Mais tu rêves, d’où vient un si morne silence
À l’orateur des Dieux ; au Dieu de l’éloquence ?

JUNON.

Ah ? Momus connais mieux sous ces traits supposés,
Celle qui se déguise à tes yeux abusés ;