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Page:Claude Boyer - Les amours de Jupiter et de Sémélé, 1666.djvu/75

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SÉMÉLÉ.

Quoi ne voyez-vous pas le Dieu qui vous menace ?

ALCMÉON.

Je crains peu son courroux, si vous me faites grâce.

SÉMÉLÉ.

C’est vous perdre, Seigneur, que de vous secourir.

ALCMÉON.

N’importe, je ne veux que vous seule et mourir.
Que Jupiter éclate et me réduise en poudre,
Que je tombe à vos pieds, et par un coup de foudre,
Puis-je me réserver pour un plus digne autel ?
Dois-je échapper aux coups de ce bras immortel ?
Pour le moins, puisqu’enfin il faut que je périsse,
Je puis faire à vos yeux un si grand sacrifice,
Que le plus grand des Dieux en doit être jaloux.

SÉMÉLÉ.

Que pouvez-vous pour moi ?

ALCMÉON.

Je puis mourir pour vous,
Et rien ne vaut aux yeux de mon amour fidèle,
La gloire d’une mort dont la cause est si belle :
Ce Dieu pour qui je vois qu’on veut m’abandonner,
A-t-il du sang à perdre, une vie à donner ?
Et si vous demander et son sang et sa vie,
Votre Dieu pourrait-il contenter votre envie ?

SÉMÉLÉ.

Vivez, Prince, vivez, et peut-être qu’un jour…

ALCMÉON.

Et peut-être est-ce là l’espoir de mon amour ?
Après que Jupiter à vos vœux infidèle,
Aura mis dans son cœur un flamme nouvelle,
Peut-être alors que vos vœux ne seront que pour moi.
Non, non cruelle, il faut suivre l’ordre du Roi ;
Je veux absolument achever l’hyménée.