Aller au contenu

Page:Claude Boyer - Les amours de Jupiter et de Sémélé, 1666.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
SÉMÉLÉ.

Il en est, et j’en sais qui seront infaillibles,
Montrez de Jupiter des marques plus sensibles.
Vous devez autrement vous montrer en ce lieu ;
Pour vous faire connaître il faut paraître en Dieu.

JUPITER.

Que me demandez-vous trop aveugle Princesse ?
Ah ! C’est là le conseil de la grande Déesse.
Gardez-vous d’écouter ce conseil dangereux ;
Contentez-vous de voir Jupiter amoureux,
Jupiter désarmé de ces clartés terribles,
Qui rendent aux mortels les Dieux inaccessibles.

SÉMÉLÉ.

Est-ce trop de le voir une fois glorieux ?
Ah ! Ne refusez pas ce plaisir à mes yeux ;
Montrez-moi mon amant avecque tous ses charmes.
Ah ! Vous ne m’aimez point…

JUPITER.

Ah ! Cachez-moi ces larmes.
Hélas ! Savez-vous bien ce que vous demandez ?

SÉMÉLÉ.

Tout me semblera doux si vous me l’accordez ;
Vous me l’avez juré Jupiter c’est tout dire.

JUPITER.

Je l’ai juré, Princesse, et mon cœur en soupire ;
Mais songez aux périls qui menacent vos jours.

SÉMÉLÉ.

Quels périls ai-je à craindre avec votre sec ours ?

JUPITER.

Je ne sais si je puis vous sauver de moi-même ;
On s’oublie aisément auprès de ce qu’on aime.
Un rayon échappé de cette majesté,
De cet éclat qui sort d’une divinité,
Peut embraser le monde et mettre tout en cendre.