Aller au contenu

Page:Claude Boyer - Les amours de Jupiter et de Sémélé, 1666.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
SÉMÉLÉ.

Plus contre mes désirs vous vous voulez défendre,
Plus mon soupçon revient, plus j’ai lieu d’en douter,
Si l’amant que j’adore est le vrai Jupiter.

JUPITER.

Faut-il vous le montrer en perdant ce que j’aime ?

SÉMÉLÉ.

Vous me faire périr, c’est douter de vous-même.

JUPITER.

Il n’est rien de si sûr, croyez-en ces frayeurs ;
Croyez un Dieu, qui tremble, et qui verse des pleurs.

SÉMÉLÉ.

Qu’ai-je à craindre d’un Dieu si tendre et si sensible ?

JUPITER.

Ce Dieu-là devenir si fier et si terrible…

SÉMÉLÉ.

Dans quelque état qu’il soit il m’aimera toujours.

JUPITER.

L’amour dans cet état est d’un faible secours.
Je vous ferai périr en dépit de moi-même.

SÉMÉLÉ.

Je ne crains rien d’un Dieu qui peut tout et qui m’aime.

JUPITER.

Vous devez craindre tout, je vous laisse y penser.

SÉMÉLÉ.

Mon esprit sur ce point n’a rien à balancer ;
Ne laissez plus languir cette douce espérance,
Épargnez ce tourment à mon impatience.

JUPITER.

Au nom de notre amour…

SÉMÉLÉ.

Ah ! C’est trop contester ?

JUPITER.

Vous le voulez, Princesse, il faut vous contenter.

Jupiter s’envole dans le Ciel.