Plus contre mes désirs vous vous voulez défendre,
Plus mon soupçon revient, plus j’ai lieu d’en douter,
Si l’amant que j’adore est le vrai Jupiter.
Faut-il vous le montrer en perdant ce que j’aime ?
Vous me faire périr, c’est douter de vous-même.
Il n’est rien de si sûr, croyez-en ces frayeurs ;
Croyez un Dieu, qui tremble, et qui verse des pleurs.
Qu’ai-je à craindre d’un Dieu si tendre et si sensible ?
Ce Dieu-là devenir si fier et si terrible…
Dans quelque état qu’il soit il m’aimera toujours.
L’amour dans cet état est d’un faible secours.
Je vous ferai périr en dépit de moi-même.
Je ne crains rien d’un Dieu qui peut tout et qui m’aime.
Vous devez craindre tout, je vous laisse y penser.
Mon esprit sur ce point n’a rien à balancer ;
Ne laissez plus languir cette douce espérance,
Épargnez ce tourment à mon impatience.
Au nom de notre amour…
Ah ! C’est trop contester ?
Vous le voulez, Princesse, il faut vous contenter.