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Page:Claude Boyer - Les amours de Jupiter et de Sémélé, 1666.djvu/91

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Cet ornement sied mal au grand Maître des Dieux :
Les feux et les éclairs le pareront mieux.
Ah ! Que vous êtes femme, et que pour être aimée,
Du souverain des Dieux dont vous êtes charmée,
Vous avez dans la tête un orgueil dangereux !
Voir sans bruit en secret Jupiter amoureux,
C’est trop peu pour l’honneur d’une amante orgueilleuse ;
Sa flamme est une flamme illustre, ambitieuse ;
Alors qu’un Dieu nous aime on peut être indiscret,
Et l’orgueil d’un tel choix ne veut pas le secret.
En effet ce serait perdre toute sa gloire,
De vaincre un si grand Dieu, sans vanter sa victoire,
Être aimé selon vous n’est pas le plus grand bien :
Un triomphe ignoré vous le comptez pour rien.
Il faut s’accoutumer à l’esprit d’une femme ;
Vous demandez du bruit, vous en aurez, Madame ;
Jupiter quand il veut en sait faire beaucoup ;
Il tonnera pour vous, mais gardez-vous du coup.

SÉMÉLÉ.

Qu’il éclaire, qu’il tonne au péril de ma vie ;
Voyons tout Jupiter, c’est toute mon envie.
Qu’on m’accuse d’orgueil, de trop d’ambition,
Jupiter qui voit tout, connaît ma passion.
Quoi qu’il en soit, il faut que je me satisfasse ;
Comme Jupiter m’aime, il peut me faire grâce ;
Il peut en ma faveur suspendre pour un temps,
Tout ce qu’ont de mortel des feux trop éclatants.

MOMUS.

C’est-à-dire forcer sa grandeur pour vous plaire,
Et n’apporter chez vous qu’une foudre légère,
Où son amour mêlant ce qu’il a de plus doux,
Y laissera bien moins de force et de courroux.
Vous voulez de la pompe, et la voulez commode,
Et qu’à votre faiblesse un grand Dieu s’accommode.