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Page:Claude Boyer - Les amours de Jupiter et de Sémélé, 1666.djvu/92

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Vous beautés d’ici-bas vous croyez follement
Qu’on doit tout immoler quand on est votre amant,
Et qu’on peut d’un Dieu même exiger sans scrupule,
L’effet le plus bizarre et le plus ridicule.
Jupiter a pour vous le cœur bien radouci ;
Mais ce n’est pas un Dieu qui se gouverne ainsi.
Vous le verrez ce Dieu, tel qu’un Dieu doit paraître,
Et tel qu’il l’a juré pour se faire connaître.

SÉMÉLÉ.

C’est comme je le veux, il ne me plairait pas,
S’il n’apportait chez moi tous ses divins appas :
Ces foudres, ces éclairs, cette pompe terrible,
Me rendront de ce Dieu la présence sensible :
Je ne douterai plus, et pour ne plus douter,
M’embrase de ses feux le puissant Jupiter.

MOMUS.

Dans votre appartement vous le pouvez attendre.
Ce tumulte m’apprend qu’il s’apprête à descendre.

SÉMÉLÉ.

Ce tumulte agréable a passé dans mon cœur.
Grand Dieu, venez, hâtez ma gloire et mon bonheur.


Scène III.

JUPITER descend porté par son aigle au milieu des nuées enflammées, cependant qu’on chante ces vers.

Je descends sur la terre avec toutes mes armes,
Avec tout ce que j’ai de puissance et de charmes ;
Mais parmi tant d’éclat quel destin est le mien ?