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Page:Claude Boyer - Les amours de Jupiter et de Sémélé, 1666.djvu/94

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Je voudrais retenir cette foudre, et ces flammes,
Mais quand l’amour a mis le trouble dans vos âmes,
Tout échappe au milieu de ces charmants transports,
Et le dedans troublé répond mal au dehors.
Cependant ma parole a sur moi tant d’empire…

MOMUS.

En effet un grand Dieu ne doit pas se dédire :
Il fait de sa parole une éternelle loi,
Périsse tout plutôt que manquer à sa foi.
Depuis quand avez-vous ce scrupule dans l’âme ?
Cette fidélité qui trahit votre flamme,
N’est-ce point un prétexte à quelque changement ?
Vous vanter un peu trop le pouvoir d’un serment ;
Je crois qu’à Sémélé vous n’êtes si fidèle,
Que par le seul espoir de vous défaire d’elle.

JUPITER.

Tu répands ton venin sur tout ce que je fais ;
Mais voyons sémélé, contentons ses souhaits.
Tu vois ce que je fais en dépit de moi-même ;
Amour sauve de moi si tu peux ce que j’aime.
Toi garde ici mon aigle attendant mon retour.

MOMUS.

Je garderai votre aigle, et vous ferez l’amour.