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Page:Claude Boyer - Porus ou la Générosité d’Alexandre, 1648.djvu/14

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CLAIRANCE.

Brisons là ; je n’en ai que trop su.

PERDICCAS.

Ah ! Vous ne savez pas tout ce que j’ai conçu.
Je veux vous satisfaire au dépens de ma vie ;
Votre injuste rigueur dans mon sang assouvie
Perdra le souvenir de ce funeste jour,
Qui me vit offenser l’objet de mon amour.
Oui, ce bras pour Clairance à moi-même funeste
Va tirer de ce flanc tout le sang qui lui reste,
Et puisque ma douleur ne la satisfait pas,
Je ne balance point à courir au trépas :
Trop heureux, si ma mort, inhumaine Clairance,
Signalant mon amour plaît à votre vengeance ;
Trop heureux, si je puis en me privant du jour,
Servir à votre haine, autant qu’à mon amour.
Mais pourrai-je percer ce cour qui vous adore ?
Mais vous me l’ordonnez, et je conteste encore !
Ah ! J’y cours, j’obéis, et le trépas m’est doux,
Puisqu’il le faut souffrir et par vous et pour vous.
C’est le seul avantage où mon amour aspire ;
Je verse avec plaisir le sang qui vous sût nuire ;
Et voyant par mes voux votre esprit offensé
Je rougis du regret d’avoir tant balancé.