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Page:Claude Boyer - Porus ou la Générosité d’Alexandre, 1648.djvu/24

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ARGIRE.

À Clairance.

Clarice conte lui ce que je voulais taire,
Apprends la cruauté d’un époux et d’un père.

CLARICE.

Quand la Reine eut mandé Phradate devers lui ;
Pour lui faire savoir l’excès de votre ennui,
Le Roi triste et pensif fait en ouvrant sa lettre
Tout ce qu’en ce moment la douleur peut permettre,
S’engage bien avant dedans vos déplaisirs,
Et mêle à vos sanglots ses pleurs et ses soupirs ;
Mais à peine a-t-il lu, qu’il crie et qu’il déteste,
Qu’on m’éloigne (dit-il) cet objet si funeste.
Phradate alors surpris de ce grand changement ;
Et ne sachant d’où vient ce prompt ressentiment
Quoiqu’il se trouve seul avec lui dans sa tente,
Croit qu’il parle à quelque autre, et son âme tremblante
Cherche de tous côtés cet objet odieux,
De qui le Roi se plaint, et qui blesse ses yeux.
Mais il connait enfin où vient fondre l’orage,
Il s’écarte et voyant la colère et la rage,
Qui dans le cour du Roi par de brulants transports
Contre la Reine même envoyait ses efforts
Il écoute de loin ce qu’elle lui fait dire
Il l’entend murmurer. Dieux souffrez-vous qu’Argire
Me traite indignement ; et que cette prison
Coûte tant de désordre à toute ma maison ?