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un respectable professeur, lorsqu’il jouait au piano, devant la classe intriguée, ce corrigé pareil à ceux de nos vieux thèmes latins, annonçait, d’un écart des coudes et d’un gonflement du dos, la hardiesse élégante dont d’avance il se béatifiait.

Or, il fut toujours refusé à Debussy de trouver l’harmonie de l’auteur. Un jour même, un concours préparatoire ayant essayé les forces des futurs rivaux, le maître, étranger à la classe, qui avait donné le sujet, lisait au piano les réponses ; arrivé à la sienne, il n’y put tenir : « Mais, monsieur, vous n’entendez donc pas ? ». L’interpellé s’excusa : « Non, je n’entends pas votre harmonie, j’entends celle que j’ai mise ». Alors, le maître, se tournant vers Emile Durand tout penaud : « C’est dommage ! »

Après trois ans, il fallut renoncer, sans le moindre accessit. Mais l’harmonie improvisée fut plus favorable. Le professeur d’accompagnement était un vieillard affable, nommé Bazille, grand arrangeur de partitions d’orchestre pour piano ; il attendait ses élèves, fort inexacts, en jouant les opéras d’Auber, dont il raffolait, et son grand principe était celui-ci : « Voyez-vous, mes enfants, on ne trouve l’harmonie qu’au piano. Voyez Delibes : tout ce qu’il écrit, c’est au piano. Aussi comme c’est facile à réduire ! C’est un orchestre qui vient sous les doigts tout seul ! » En ce genre d’exercice, les règles