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ne sont pas tout : la satisfaction de l’oreille compte aussi, et parfois l’emporte. C’est pourquoi le même élève, qui décourageait les maîtres d’harmonie, obtenait, en 1880, un premier prix d’accompagnement.

C’est avec ces recommandations assez minces qu’il entra dans la classe de composition de Guiraud. Le goût de ce musicien valait mieux que ses œuvres ; il s’intéressa au jeune incorrigible, et même lui donna de bons conseils. Un jour, Debussy avait mis en musique une comédie de Banville, Diane au Bois, et l’avait apportée, non sans fierté, à la classe ; Guiraud la lut, et prononça : « Venez donc me voir demain et apportez votre partition ». Le lendemain, après une seconde lecture : « Vous voulez avoir le prix de Rome ? – Sans doute. – Eh bien, c’est très intéressant, tout ça, mais il faudra le réserver pour plus tard. Ou bien vous n’aurez jamais le prix de Rome. »

Entre temps, Debussy avait fait une brève apparition à la classe d’orgue de César Franck : il fut vite las d’entendre, aux exercices d’improvisation, le vieux maître lui crier, sans se lasser : « Modulez ! Modulez ! Modulez ! » alors qu’il n’en éprouvait pas la nécessité. À ses récompenses passées étaient venus s’adjoindre un accessit de contrepoint et fugue en 1882, et, l’année suivante, le second prix de Rome.