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Gautier, fidèles sur ce point à la tradition classique de Corneille, Saint-Evremont, Boileau et Voltaire. Mais le symbolisme conviait à de mystiques noces toutes les figures de la pensée humaine. Verlaine inscrivait, en tête de son art poétique, ce précepte :

De la musique avant toute chose.

Et Mallarmé faisait paraître, en 1895, une plaquette, la Musique et les Lettres, où il montre, après Ronsard et ceux de la Pléiade, que l’art des sons et l’art des mots doivent se prêter un mutuel secours. On était donc fort bien disposé pour la musique en cette libre académie ; mais il faut dire que presque tous s’en tenaient à Wagner. C’est l’exemple, et, plus encore, la théorie du musicien-poète allemand, qui les avait éclairés et convertis. Verlaine et Mallarmé avaient collaboré à la Revue wagnérienne, avec Villiers de l’Isle-Adam, Huysmans, Catulle Mendès, Fantin-Latour, Jacques Blanche et Odilon Redon. Et Mallarmé se souvient certes de Wagner lorsqu’il propose, en sa plaquette, cette formule, que « la musique et les lettres sont la face alternative, ici élargie vers l’obscur, scintillante là avec certitude, du phénomène que j’appelai l’Idée » Le jeune musicien à qui il faisait une place parmi ses fidèles, était déjà désabusé de Wagner. Il n’est donc pas certain qu’il n’y ait eu, en cette amitié artistique,