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français, avec des mots dédaigneux que Mallarmé s’efforçait de conjurer.

Oncques n’avait-on vu, depuis les académies florentines ou celle des Valois, un musicien dans la compagnie d’aussi beaux esprits. Depuis trois siècles, le compositeur, muré jusque vers la trentaine en son étroit apprentissage, ignorait tout des lettres et des arts : on en avait la preuve, lorsqu’il s’avisait d’écrire pour le théâtre, ou même pour l’église : que l’on songe aux poèmes que Bach, Beethoven et César Franck ont honorés de leur musique ! Il était réservé à Claude Debussy de nous rendre le musicien humaniste, sensible à toutes les beautés, sachant lire, sachant écrire à l’occasion, et surtout sachant vivre. Tel est sans doute le modèle que s’était proposé Wagner. Mais il ne put jamais accorder entre elles ces facultés diverses, faute d’un esprit clair. Les vrais précurseurs de Debussy, pour cette étendue de savoir bien acquis, sont en France quelques musiciens lettrés : Berlioz, Saint-Saëns, Gabriel Fauré ; en Russie, ces musiciens de qualité, qui parlaient français de naissance : Glinka, Dargomyjski, Borodine, Moussorgski.

C’était la première fois aussi, depuis bien longtemps, que des gens de lettres témoignaient de quelque intérêt pour la musique. On connaît le mépris superbe des romantiques : Lamartine, Hugo, Balzac, Théophile