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partisans dévouées furent poursuivis d’une haine féroce et des sarcasmes les plus échauffés. Le spectacle est éternel. Jamais aucune amélioration de quoi que ce soit n’a été voulue par le grand nombre, mais par une infime poignée de croyants, d’abord accusés de folie, ou de tous les crimes. Cette poignée grossit toujours, et, quelques siècles ayant passé, la masse finit par reconnaître bon ce qu’elle maudissait ; mais c’est pour en tirer des règles, qui à leur tour condamneront sans appel tout ouvrage suspect d’invention.

L’esprit de liberté est représenté, dans la littérature, par des revues hardies, et qu’on peut qualifier de jeunes, car jamais elles n’atteignent un âge avancé. Il ne faut pas les plaindre ; en vieillissant, elles mentiraient à leur devise, car elles deviendraient elles-mêmes une tradition. Telle fut, parmi d’autres, mais au premier rang, la Revue blanche, qui, comme on sait, portait intérêt, non aux lettres seulement, mais à la politique et aux arts, sans excepter la musique. Par une clairvoyance qu’il faut louer, on y appela Debussy, en 1901, comme critique musical. Le poète des Proses lyriques y montra un style plus serré, mai brillant encore, léger, sensible à toutes les impulsions de la pensée, d’une allure vive et dégagée qui sentirait son xviiie siècle, sans cette fantaisie sont s’orne une raison incorruptible, ce choix d’expressions frappantes, cette surprise d’images justes,