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ii

En ce temps, les plus sérieux de nos musiciens hésitaient entre Wagner et Franck ; les plus avisés suivaient l’exemple lucratif de Massenet ; quant à Saint-Saëns, déjà revenu de tout enthousiasme, il se moquait, en vers, en prose et en musique, des uns comme des autres. Et il est de fait qu’on ne pouvait guère se choisir de plus fâcheux modèles.

Il fut accordé à Wagner de prolonger l’existence du romantisme et de l’achever par un triomphe écrasant. Il n’en est pas moins vrai que, dès 1860, cette doctrine avait été supplantée en France par le réalisme de Flaubert et du Parnasse, qui lui-même cédait, en 1880, à un art plus souple et moins matériel. Les grands gestes de Wagner, son air fatal, ses drames de géants où les passions s’exaspèrent et se choquent avec des cris furieux, ses mythologies obscures, ses cosmogonies laborieuses, ses enchantements, ses monstres et ses machines d’ancien opéra, ses déclamations sur l’amour et la vertu, son regret inutile, mais