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éloquent, d’une pureté à jamais perdue ; ses rois solennels, ses princesses gothiques, ses héros imbéciles et valeureux ; enfin, sa musique où tout est disposé pour l’effet, où l’emphase est méthodique, l’excès prémédité, où l’on cherche à subjuguer l’auditeur, à l’envelopper, à le baigner en des flots abondants qui l’étourdissent et le roulent : tout ce fracas et tous ces artifices appartenaient à un autre temps. Wagner lui-même avait fini par s’en lasser : dans ses dernières années, son ambition assouvie, glorieux, las et déçu, il aspire au repos, et demande les secours de la foi : il trouve, pour Parsifal, un style apaisé dont la simplicité même est apprêtée encore, et s’admire. L’innocence lui fut toujours refusée, et, comme Tannhaeuser, celui de ses héros qui est le plus à son image, il ne pouvait même par le repentir, mériter l’absolution.

César Franck est bien loin d’un si diabolique orgueil. Mais il ne faut pas exagérer non plus la candeur de ce doux organiste. Sans culture, presque sans lecture, condamné, malgré l’admiration de disciples pieux, et fortunés pour la plupart, à gagner péniblement sa vie quotidienne, isolé du monde par sa profession, toujours assis à ses claviers, sous les voûtes à l’odeur d’eau bénite et de poussière, l’inquiétude du siècle l’atteignit cependant. Sa foi est ardente, mais troublée ; il faut qu’elle surmonte des doutes, qu’elle