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qu’ils seraient, même en dépit des règles, toujours harmonieux. Ils l’ont délivré de la discipline si pesante à son esprit, ils lui ont révélé un charme natif, une bravoure qui venait du cœur, et fait connaître le sens de ces souples caprices que les Russes leur empruntent aussi, mais pour l’ornement seul, et le plaisir de l’orientalisme. Sans eux, il est possible que le Prélude à l’après-midi d’un Faune eût chanté moins tendrement. Et le Quatuor à cordes, où la musique, obéissante à toute émotion, à l’abondance frémissante d’une source, leur pourrait être dédié.

Il est bien évident d’ailleurs que les procédés sont tout autres, puisqu’il s’agit de fixer et de mettre en place des effets que les improvisateurs obtiennent d’une heureuse inspiration. Ainsi, comme Wagner et Moussorgski ressemblent à Debussy par certains tours, non par l’esprit, les tsiganes lui donnent bien le modèle, peut-être même l’idée d’un certain caractère, non les moyens d’en saisir la ressemblance. Les plus profitables leçons ne lui sont pas venues de musiciens, mais de poètes et de peintres.