Page:Claude Debussy, Louis Laloy.pdf/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

iii

La poésie n’était plus ni classique, ni romantique, ni parnassienne, mais symboliste. La poésie classique prétendait au consentement universel, et, par suite, se fondait sur la raison, comme la chose du monde la mieux partagée. D’où la petite estime où elle tient les sens, la préférence qu’elle accorde aux formes fixes et régulières, enfin la précaution qu’elle prend de n’exprimer que des sentiments généraux, dont souvent le témoignage de l’antiquité lui garantit la permanence. Elle se méfie de toute opinion particulière, de toute impression personnelle, et le moi lui est haïssable. C’est au nom de ce moi méconnu que les romantiques se révoltent : ils réclament pour eux-mêmes le droit à l’existence, et veulent intéresser par l’histoire de leur vie, la confidence de leurs goûts et la peinture de leurs passions. Ils veulent briser les règles dont ils se sentent enchaînés, et n’y parviennent qu’à demi. Ils se disent ennemis des lois et en édictent à leur tour ; ils insultent la convention et gardent un idéal ; ils