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et Mozart lui donnent sa forme achevée. Beethoven déjà ne s’en satisfait plus, car il est, sans trop s’en douter, le premier des musiciens romantiques.

Ce qu’on appelle gamme, c’est une suite de notes rangées une fois pour toutes dans un certain ordre. Cette série invariable s’accroche indifféremment à n’importe que point de haute : toujours pareille à elle-même, ce qui en change seulement, c’est l’origine. Cette origine, qui est une note ou une autre, porte le nom de tonique, et l’on est dans tel ou tel ton, suivant qu’on a choisi telle ou telle tonique. De plus, on appelle modulation le changement de tonique et de ton. Ces quelques définitions expliquent tout le mécanisme de la musique classique : elle n’emploie qu’une seule espèce de gamme, car celle qu’on dit mineure se rapproche autant qu’elle peut de la majeure. Et elle ne s’intéresse qu’au ton où cette gamme se trouve placée. Pour que ce ton soit nettement appréciable, il faut que les mélodies n’emploient que les notes licites, et dans un ordre facile à suivre, qu’elles soient, en d’autres termes, aussi peu caractérisées que possible, simples lieux communs sur la gamme majeure. Et il faut que l’harmonie satisfasse aux mêmes conditions, c’est-à-dire qu’elle choisisse ses accords, non pour eux-mêmes, mais pour la vertu qu’ils ont de préciser le ton ; elle ne pourra s’arrêter que sur un accord parfait majeur ou