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mineur, caractéristique d’un ton, et tous les autres, appelés dissonances, serviront à faire attendre et désirer une telle conclusion, qui apporte à l’esprit la certitude, seule nécessaire.

Comme elle vient, en ligne plus ou moins directe, du théâtre, la symphonie affecte une allure dramatique ; mais ce qu’elle met en lutte, ce ne sont pas des mélodies, ni des harmonies, ce sont seulement des tons : au début, deux phrases entrent dans l’arène, et chacune d’elles est le champion d’un ton : c’est ce qu’on nomme l’exposition. Le développement est un duel où tour à tour l’un ou l’autre adversaire gagne et perd du terrain. Quant à l’issue, elle est connue d’avance : c’est la phrase qu’on a montrée en second lieu qui prendra finalement le ton de sa rivale et se montrera ainsi, réconciliée, dans la dernière partie, dite réexposition. Tout l’intérêt est dans les épisodes, les feintes, les surprises, les parades, les dégagements ; l’auditeur est là pour juger les coups ; et rien ne le distrait de son attention savante, puisque dès les premières notes il sait que mi bémol, ou ré majeur, joue et gagne.

Telles sont les règles du premier mouvement, le seul qui soit, de toute nécessité, dramatique. Ceux qui suivent, au lieu d’un conflit, présentent volontiers une simple alternance de tons, mais toujours c’est le ton