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Toutes ces œuvres, comparées à celles qui précèdent, montrent un style aussi libre, mais de plus en plus ferme. C’est la première timidité qui se calme, c’est la démarche qui s’assure, la pensée qui devient affirmative ; c’est un bonheur auquel on ose croire, une beauté que l’on approche sans craindre, qu’elle se dissipe comme un rêve. Pelléas, les Nocturnes, les Proses lyriques, nous paraissaient d’une simplicité impossible à dépasser, et nous étions dans l’erreur ; car cette simplicité était celle même de la première impression ressentie ; elle devait se ramasser encore, pour se réduire au principe même de cette impression. Tel est le progrès qui vient d’être accompli. De toutes ces couleurs d’orchestre, vives et chatoyantes, de toutes ces effervescences du piano, pareilles à une mousse sonore, on n’a voulu retenir que juste ce qu’il fallait pour indiquer l’atmosphère ; et, ce flot retiré, les lignes du dessin sont apparues, non pas arrondies et liées à la manière classique : nettes, tranchées, incisives, et si bien en place que tout le modelé s’y trouvait impliqué. Les œuvres de la première période effleuraient le réel, prenant garde de n’en point briser l’enveloppe impalpable ; celles-ci en mettent le cœur à nu, dégageant la forme fondamentale que l’apparence extérieure développe et dilue en détails. C’est une généralisation, comparable à celle des classiques, et