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notamment, bien à tort, les traits, c’est à dire ces figurations rapides dont le rôle est d’envelopper les chants principaux, de leur tracer une harmonie avec des lignes, conformément au caractère même du piano et d’animer les fonds. Il vaudrait mieux brouiller ces dessins, même y laisser échapper des fausses notes, à la manière des amateurs, que de vaincre leur difficulté pour en triompher, et quêter les applaudissements avec des grâces de gymnaste. Ce qui est vrai de Debussy l’est d’ailleurs autant de Schumann, de Chopin, et de Bach, et de tous ceux qui ont su écrire pour un instrument à clavier. Mais voici qui est plus particulier : souvent des notes sont accompagnées d’un signe dont l’emploi était assez rare jusqu’ici, et qui est une petite barre. Les uns croient devoir les détacher, d’autres les renforcer ; mais ce qui est demandé, c’est une sonorité transparente ; on peut l’obtenir par une attaque franche et sans dureté, que la pédale prolongera, le doigt quittant la touche aussitôt.

Les chanteurs devront, avant tout, s’occuper de chanter. Ils en ont, comme on sait, perdu l’habitude. Un préjugé fort répandu veut que, dans toute musique moderne, il ne soit nécessaire que de « dire », avec aussi peu de voix que possible, et sans même observer l’exactitude des intervalles. C’est un contre-sens. Si une mélodie échappe à la carrure classique, si elle ne