Page:Claude Farrère - Les civilisés, 1905.djvu/212

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de ses mains, — un gant de femme : Mévil aperçut les boutons multiples. Un flirt à Rochet, cette brute tombée en enfance, riche à millions, il est vrai… — Mévil, mordu de curiosité, courut jusqu’au bout de l’allée ; mais là, plusieurs femmes et plusieurs cavaliers bavardaient en groupe, Marthe Abel au milieu de leur cercle. Beaucoup de mains étaient nues. — Mévil oublia Rochet.

Plus tard, il joignit Mme Malais dans un salon vide. Il avait renoncé à obtenir de Marthe un tête-à-tête : elle dansait sans relâche, son carnet de bal plein et toutes les casquettes retenues. — La marquise blonde, très belle dans sa robe Louis XVI, retouchait ses cheveux devant une glace ; elle vit soudain Mévil derrière elle, tout proche, et elle se retourna comme effrayée.

— « Je vous fais peur ? » dit-il, très respectueux, Elle s’efforça de sourire.

— « Non ; mais j’ai été surprise… Il est bien tard, et je cherche mon mari pour rentrer.

— Pas avant de m’accorder un tour de parc ? » — Il suppliait. — « Rien qu’un tour ; je ne vous ai pas baisé la main de tout ce soir, et je ne suis ici que pour vous. »

Elle reculait et balbutiait. Une large silhouette s’encadra dans le chambranle d’une porte ; Malais entra, ironique et cordial.

— « Ah ! bah ? vous, docteur ? je ne vous ai pas vu de la soirée : Vous avez retrouvé l’anneau de Gygès ? — Partons-nous, ma chère ?