Page:Claude Farrère - Les civilisés, 1905.djvu/321

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qui, depuis vingt-six ans, l’écrase peu à peu, fibre par fibre, nerf par nerf, dans son implacable engrenage, et qui, tout à l’heure, l’achèvera d’un éclat d’obus. — Soit. Mais gare à la convulsion suprême du vaincu ! Ces cuirassés qui flottent quelque part devant sa torpille, voilà, voilà sur quoi se venger ! C’est toute une quintessence de civilisation qu’ils concentrent derrière leurs murailles, une quintessence de civilisation bonne pour la dynamite. — Gare ! Gare à la ruade que la pauvre bête humaine, mourante, va lâcher dans l’engrenage !

Or, comme une déesse blême, propice aux altérés de vengeance, la Lune, s’arrachant des nuages qui l’enlacent, fait ruisseler tout à coup des flots d’argent sur toute la mer. Et Fierce étouffe un cri de joie farouche : là, là ! parmi les vagues étincelantes, les cuirassés couleur de nuit viennent de surgir.