Page:Claude Farrère - Les civilisés, 1905.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VII

À Saïgon, ils descendirent de voiture sans savoir pourquoi et marchèrent au hasard en continuant de chanter.

— « Bonne chose, formula Torral, en s’interrompant dans un refrain merveilleusement obscène, bonne chose que de ne pas savoir où l’on est. Le propre des hommes civilisés est de jouer les sages le jour et les fous la nuit. Il faut un peu de tout. »

Il entama un nouveau couplet, lequel, sans doute en horreur de la moderne littérature psychologique, péchait plutôt par excès de clarté.

Dans l’état d’esprit où ils étaient, leur promenade avait un but très indiqué, et ce but voisinait précisément avec le quartier qu’habitait Torral. Mais ils s’égarèrent, ce qui les étonna à tort, et au bout d’un long chemin, ils aboutirent au milieu de la rue Catinat tout à fait déserte alors. Mévil, le premier, s’aperçut de l’erreur.

— « Zut ! dit-il. Ce n’est pas là qu’on allait. D’ail-