Page:Claude Farrère - Les civilisés, 1905.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vrai, ça ne vous ennuie pas ?

— Quelle folie ! »

Dans la voiture, il glissa son bras derrière la taille d’Hélène, — pour effacer les plis du corsage.

— « Je vous dépose où ? dit-elle.

— Chez vous. Vous rentrez chez Raymond ?

— Mais non ; je rentre à mon hôtel, rue Catinat…

— Eh bien, rue Catinat. »

La voiture partit.

— « Raymond vous a laissé vous envoler comme ça, dès l’aurore ? »

Elle refit sa moue.

— « Il aurait été bien en peine de me retenir. Je l’ai laissé tellement endormi qu’il ne doit pas s’être encore aperçu de mon départ…

— Oui ? vous l’avez si fatigué que ça ?

— Par exemple ! d’abord, ça ne vous regarde pas. »

Mais elle souriait du coin de sa bouche, et la main de Fierce caressa ses épaules. Ils rirent tous deux, pensant aux mêmes choses.

— « C’est drôle, murmura-t-elle. Il est jeune, grand, fort… et…

— Et il se fatigue vite. »

Elle fit oui de la tête et baissa pudiquement les cils. — « Mon Dieu, expliqua Fierce, il est jeune si vous voulez. Il a trente ans, ma chère.

— Eh bien ?

— … Trente ans, quelques aventures, — je ne crois pas souffler sur vos illusions en vous révélant