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Page:Claude Farrère - Les civilisés, 1905.djvu/83

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La chambre d’hôtel n’était pas coquette. Les murs crépis étaient nus, et le carreau sans natte. Mais le grand lit, mince, dur et frais, avait l’air confortable sous sa moustiquaire de tulle soigneusement close, et la chaise longue de rotin supportait un somptueux pêle-mêle de toilettes de soie.

— « Vous permettez ? » dit Hélène Liseron.

Debout, les bras levés, elle dépinglait son chapeau devant un miroir. Il s’assit et la regarda. Les cheveux roux voletaient, et la nuque potelée luisait comme sous une résille d’or pur. Les bras fermes et gras s’épanouissaient hors des manches courtes, et une rosée chaude perlait sur la peau. Les doigts dans la chevelure agitaient un parfum violent et délicat. Dans le miroir, Fierce vit des yeux sournois, puis un sourire bizarre. Alors, très simplement, il se leva derrière elle et la saisit à bras-le-corps. Elle fut stupéfaite ou fit semblant.

— « Eh bien ? qu’est-ce qui vous prend ? »

Il ne répondit absolument rien, parce qu’il mordait gloutonnement le cou duveté d’or. Il la touchait toute, aux jarrets avec ses genoux, aux épaules avec sa poitrine. Elle cria :

— « Allez-vous me lâcher ? »

Il fit le contraire ; il l’enleva comme une poupée une main à la taille et l’autre sous les cuisses. Et il la renversa sur la chaise longue, parmi les robes qui bruissèrent. Elle se défendit pour de bon, — pas longtemps.

— « Finissez, voyons ! »