Page:Claude Farrère - Les civilisés, 1905.djvu/84

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— Mais je finis. »

Il finit en effet, — à sa manière, — et se releva, très calme, immédiatement correct.

Sans mot dire, elle retourna vers son miroir et lissa ses cheveux ; puis elle rit, bonne fille. Par jeu, il était revenu derrière elle pour becqueter les cheveux parfumés.

— « Dites ? fit-elle tout à coup. Et Raymond ?

— Quoi, Raymond ?

— Vous n’avez pas de remords ? »

Il fut très gentil :

— « Vous êtes bien trop jolie ! »

Elle fit une moue flattée et incrédule, et insista :

— « Vous êtes grands amis, tous deux, pourtant ?

— Mais oui.

— Eh bien, s’il savait ? Il serait furieux… »

Il se retint d’éclater de rire. La jalousie n’est pas un sentiment civilisé ; et certes, Mévil se souciait infiniment peu de n’importe laquelle de ses maîtresses.

Elle le regardait, tendre, quêtant un baiser. Évidemment elle jugeait sévèrement la trahison de Fierce envers Raymond, et la noirceur de ce crime commis pour elle chatouillait agréablement sa vanité. Il donna le baiser, complaisant quoique ironique. Maintenant qu’il l’avait eue, d’ailleurs, elle lui était tout à fait indifférente. Pourquoi diable, en pure vérité, lui avait-il sauté dessus tout à l’heure ? Bah !

À midi, il rentrait à bord déjeuner. Un timonier