Page:Claudel - Connaissance de l’est larousse 1920.djvu/190

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présenterons-nous ? et que lui offrir qui soit aussi beau qu’elle-même ? »

Aussitôt d’une pierre tombée du ciel ils firent un miroir très pur, parfaitement rond. Ils arrachèrent un pin, et comme une poupée ils l’emmaillottèrent de vêtements d’or et d’écarlate. Ils le parèrent comme une femme et ils lui mirent le miroir pour visage. Et ils le plantèrent tout droit, le sacré gohei, en face de la caverne, pleine, de la poche qui contenait l’âme indignée de la lumière.

Quelle voix choisirent-ils assez puissante pour percer la terre, pour dire : Amaterasu, je suis là ? « Je suis là et nous savons que tu es là aussi. Sois présente, ô vision de mes yeux ! Sors de la sépulture, ô vie  ! » La voix familière, la première voix qu’elle entend dès qu’elle dépasse l’horizon humain, au premier dard rouge le coq partant de tous les côtés dans les fermes ! Il est l’éclat du cri, la trompette que nulle obscurité ne fait mourir. La nuit, le jour, indifférent à la présence visible de son dieu ou à son éloignement, il pousse infatigablement sa fanfare, il articule avec précision la foi. Au devant d’Amaterasu dans la terre, ils amènent le grand oiseau blanc. Et aussitôt il chanta. Et ayant chanté, il chante encore.

Aussitôt, comme s’il ne pouvait manquer à