Page:Claudel - Connaissance de l’est larousse 1920.djvu/191

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son ban, se réveilla tout le bruit de la vie, le murmure de la journée, l’active phrase interminable, l’occupation de tout le temps par la masse en marche du mot fourmillant dont le bonze, au fond de son temple, scande le cours avec son maillet de bois : ils bruirent à la fois, tous les dieux, mal différents du nom qui les contient. Cela était très timide, très bas. Cependant Amaterasu dans la terre les entendit et s’étonna.

Et ici il faudrait coller l’image d’Uzumé, telle justement que dans les petits livres populaires elle interrompt la pluie noire des lettres. C’est elle qui avait tout inventé, la bonne déesse ! C’est elle qui combina le grand stratagème. La voici qui danse intrépidement sur la peau tendue de son tambour, frénétique comme l’espérance ! Et tout ce qu’elle trouve, pour délivrer le soleil, c’est une pauvre chanson comme en inventent les petits enfants : Hito futa miyo…

Hito futa miyo
Itsu muyu nana
Yokokono tari
Momochi yorodzu

ce qui veut dire : Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, cent, mille, dix mille, — et ce qui veut dire aussi : Vous tous, regardez la porte ! — Sa Majesté apparaît,