Page:Claudel - Connaissance de l’est larousse 1920.djvu/54

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général, il devient sacré. La représentation de l’idée en est ici, en quelque sorte, l’idole. Telle est la base de cette religion scripturale qui est particulière à la Chine. Hier j’ai visité un temple Confucianiste.

Il se trouve dans un quartier solitaire où tout sent la désertion et la chute. Dans le silence et les solennelles ardeurs du soleil de trois heures, nous suivons la rue sinueuse. Notre entrée ne sera point par la grande porte dont les vantaux ont pourri dans leur fermeture : que la haute stèle marquée de l’officielle inscription bilingue garde le seuil âgé ! Une femme courte, râblée comme un cochon, nous ouvre des passages latéraux et d’un pied qui sonne nous pénétrons dans l’enclos désert.

Par les proportions de sa cour et des péristyles qui l’encadrent, par les larges entrecolonnements et les lignes horizontales de sa façade, par la répétition de ses deux énormes toits, qui d’un mouvement un relèvent ensemble leur noire et puissante volute, par la disposition symétrique des deux petits pavillons qui le précèdent et qui au sévère ensemble ajoutent l’agrément grotesque de leurs chapeaux octogones, l’édifice, appliquant les seules lois essentielles de l’architecture, a l’aspect savant de l’évidence, la beauté, pour tout dire, classique, due à une observation exquise de la règle.