Page:Claudel - La Messe là-bas, 1919.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Joignez votre Passion à la sienne puisqu’on ne peut qu’une fois mourir !

Et ne l’entendez-vous pas tout bas qui vous parle et qui vous dit :

« Prœbe mihi cor tuum. Donne-moi ton cœur, ô mon fils ! »



II


Le pain et le vin sont ces choses que le prêtre avec une profonde gravité

Présente l’une après l’autre à Dieu en lui disant : Accipe.

Ce pain que Vous nous avez donné à manger, ce vin que Vous nous proposez à boire,

A notre tour, les ayant goûtés, nous vous en offrons votre part,

Connaissant que par eux entre nous la communion est possible.

— J’ai quitté le pays de mes pères et je sais que c’est ici Salem comme dans la Bible !

Je vois l’autel et le feu, et ce grand linge entre Dieu et moi, et sont postés

Des gardes, je le sens, derrière nous pour nous défendre comme avec des épées tirées !

Tel Elie sur le Carmel autrefois, et le peuple meurt de soif depuis sept ans, mais lui,

La tête entre ses genoux, déjà entend le son immense de la pluie ! —