Page:Claudel - La Messe là-bas, 1919.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Médecin, poète, soldat, laboureur et bâtisseur de maisons,

Il offre à Dieu, entouré de cette œuvre de toutes parts sous lui peu à peu qui s’exhausse comme un autel,

Une chose qui porte son nom.


Mais il y a aussi un homme qui n’a jamais su se défendre contre la mer !

Il y a un homme qui est professionnellement hors de tout et son domicile est de n’être pas chez lui.

Nulle tâche n’est en propre la sienne, c’est lui éternellement l’Amateur, et l’Invité partout, et le Monsieur précaire :

L’exil seul lui enseigne la patrie.


Tant d’œuvres diverses l’ont reçu et tant de gens disparates l’ont accueilli !

Il y a des moments où l’on aurait presque juré que c’était sérieux et l’on se serait habitué peut-être à le traiter sur un pied d’égalité,

Mais lui avec un sourire de plus en plus aimable et des mots qui se rapportent de moins en moins à ce qu’on lui dit,

Brûle du seul désir de s’en aller.


Donc à lui de nouveau le ponton sous ses pieds qui oscille et l’échelle au flanc noir des transatlantiques !

A lui le quai pendant que le train s’ébranle et la longue paroi de tôle marron qui lui passe à deux centimètres du nez !

A lui l’absence de nouveau revêtue et cette déréliction entre le Buffet et la marchande de journaux comiques,