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claudine à l’école

trouvez gentil et vous avez envie de vous marier, pour voir ce que c’est, et par vanité, pour embêter vos camarades de l’École Normale qui resteront vieilles filles, voilà tout ! Ne lui faites pas trop de farces, c’est tout ce que je peux lui souhaiter, car il mérite sans doute d’être aimé mieux que vous ne l’aimez.

Vlan ! Là-dessus je tourne les talons, et je cours chercher de l’eau pour arroser. Elle est restée là plantée, décontenancée. Enfin elle s’en va surveiller le balayage de la petite classe, ou bien raconter ce que je viens de dire à sa chère Mlle Sergent. Qu’elle y aille ! Je ne veux plus me soucier de ces deux folles, dont une ne l’est pas. Et toute excitée, j’arrose, j’arrose trop, j’arrose les pieds d’Anaïs, les cartes géographiques, puis je balaye à tour de bras. Ça me repose, de me fatiguer ainsi.

Leçon de chant. Entrée d’Antonin Rabastens, cravaté de bleu ciel « Té, bel astre », comme disaient les Provençales à Roumestan. Tiens, Mlle Aimée Lanthenay est là aussi, suivie d’une petite créature, plus petite qu’elle encore, à démarche singulièrement souple, et qui paraît treize ans, avec une figure un peu plate, des yeux verts, le teint frais, les cheveux soyeux et foncés. Cette gamine s’est arrêtée, toute sauvage, sur le seuil ; Mlle Aimée se tourne vers elle en riant : « Allons, viens, n’aie pas peur ; Luce, entends-tu ? »

Mais, c’est sa sœur ! J’avais complètement ou-