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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/112

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claudine à l’école

blié ce détail. Elle m’avait parlé de cette sœur probable, au temps où nous étions amies… Je trouve ça si drôle, cette petite sœur qu’elle amène, que je pince Anaïs qui glousse, je chatouille Marie Belhomme qui miaule, et j’esquisse un petit pas à deux temps derrière Mlle Sergent. Rabastens trouve ces folies charmantes ; la petite sœur Luce me regarde de ses yeux bridés. Mlle Aimée se met à rire (elle rit de tout, maintenant, elle est si heureuse !) et me dit :

— Je vous en prie, Claudine, ne la rendez pas folle pour commencer ; elle est bien assez timide naturellement.

— Mademoiselle, je veillerai sur elle comme sur ma personnelle vertu. Quel âge a-t-elle ?

— Quinze ans le mois dernier.

— Quinze ? Eh bien, maintenant, je n’ai plus confiance en personne ! Je lui en donnais treize, bien payés.

La petite, devenue toute rouge, regarde ses pieds, jolis d’ailleurs. Elle se tient contre sa sœur et lui serre le bras pour se rassurer. Attends, je vais lui donner du courage, moi !

— Viens, petite, viens ici avec moi. N’aie pas peur. Ce monsieur, qui arbore en notre honneur des cravates enivrantes, c’est notre bon professeur de chant, tu ne le verras que les jeudis et les dimanches, malheureusement. Ces grandes filles-là, c’est des camarades, tu les connaîtras assez tôt. Moi, je suis l’élève irréprochable, l’oi-