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claudine à l’école

chent à nous voir en chemise ; nous levons les coins des rideaux pour les regarder, et Mlle Griset a beau nous surveiller jusqu’à ce que la lumière soit éteinte, nous trouvons toujours moyen de lever un rideau tout grand, tout d’un coup, et ça fait que les garçons reviennent tout les soirs guetter.

— Eh bien ! vous avez le déshabillage gai, là-haut !

— Dame !

Elle s’anime et se familiarise. Mlle Sergent et Mlle Lanthenay sont toujours ensemble dans la seconde classe, Aimée montre une lettre à la rousse, et elles rient aux éclats, mais tout bas.

— Sais-tu où l’ex-Armand de ta sœur est allé cuver son chagrin, petite Luce ?

— Je ne sais pas. Aimée ne me parle guère des choses qui la regardent.

— Je m’en doutais. Elle a sa chambre aussi là-haut ?

— Oui ; la plus commode et la plus gentille des chambres de sous-maîtresses, bien plus jolie et plus chaude que celle de Mlle Griset. Mademoiselle y a fait mettre des rideaux à fleurs roses et du linoleum par terre, ma chère, et une peau de chèvre, et on a ripoliné le lit en blanc, Aimée a même voulu me faire croire qu’elle avait acheté ces belles choses sur ses économies. Je lui ai répondu : « Je demanderai à maman si c’est vrai ». Alors elle m’a dit : « Si tu en parles à maman,