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claudine à l’école

ces, élèves, toutes, atrocement énervées, éclatent à chaque instant. Mlle Aimée a jeté son cahier à la figure d’une pensionnaire qui commettait pour la troisième fois la même ineptie dans un problème d’arithmétique, et s’est sauvée ensuite dans sa chambre. La petite Luce a reçu des gifles de sa sœur et s’est venue jeter dans mes bras pour que je la console. J’ai battu Anaïs qui me taquinait mal à propos. Une Joubert vient d’être prise d’une crise frénétique de sanglots, puis d’une non moins frénétique attaque de nerfs, parce que, criait-elle « elle ne pourra jamais arriver à être reçue !… » (serviettes mouillées, fleur d’oranger, encouragements). Mlle Sergent, exaspérée elle aussi, a fait tourner comme une toupie, devant le tableau noir, la pauvre Marie Belhomme qui désapprend le lendemain, régulièrement, ce qu’elle apprend la veille.

Je ne me repose bien, le soir, qu’au sommet du gros noyer, sur une branche longue que le vent berce… le vent, la nuit, les feuilles… Fanchette vient me retrouver là-haut ; j’entends chaque fois ses griffes solides qui grimpent, avec quelle sûreté ! Elle me miaule avec étonnement : « Qu’est-ce que tu peux bien chercher dans cet arbre ? Moi je suis faite pour être là, mais toi, ça me choque toujours un peu ! » Puis elle vagabonde dans les petites branches, toute blanche dans la nuit, et