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claudine à l’école


C’est fait ! nous sommes revenues du chef-lieu hier, triomphantes, sauf (naturellement) la pauvre Marie Belhomme, recalée. Mlle Sergent se rengorge d’un tel succès. Il faut que je raconte.

Le matin du départ, on nous empile dans l’omnibus du père Racalin, ivre-mort comme par hasard, qui nous conduit follement, zigzaguant d’un fossé à l’autre, nous demandant si on nous mène toutes marier, et se congratulant de la maîtrise avec laquelle il nous cahote : « J’vons bramant[1], pas ?… » tandis que Marie pousse des cris aigus et verdit de terreur. À la gare, on nous parque dans la salle d’attente, Mlle Sergent prend nos billets et prodigue des adieux tendres à la chérie qui est venue l’accompagner jusqu’ici. La chérie, en robe de toile bise, coiffée d’un grand chapeau simplet sous lequel elle est plus fraîche qu’un liseron

  1. « Bramant » : confortablement, à l’aise.