Page:Claudine a l'Ecole.pdf/214

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
194
claudine à l’école

— C’est d’une effronterie odieuse ! J’apprendrai cette conduite extravagante à Monsieur votre père, il ne manquera pas d’y prendre un grand plaisir.

— Papa ? Il dira « Mon Dieu, oui, cette enfant a un grand amour de la liberté », et attendra avec impatience la fin de votre histoire pour se replonger avidement dans la Malacologie du Fresnois.

Elle s’aperçoit que les autres écoutent, et vire sur ses talons : « Allez toutes vous coucher ! Si dans un quart d’heure toutes vos bougies ne sont pas éteintes, vous aurez affaire à moi ! Quant à Mlle Claudine, elle cesse d’être sous ma responsabilité et peut se faire enlever cette nuit, si cela lui plaît ! »

Oh ! shocking ! Mademoiselle ! Les gamines ont disparu comme des souris effrayées, et je reste seule avec Marie Belhomme qui me déclare :

— C’est pourtant vrai qu’on ne peut pas t’enfermer ! Moi, je n’aurais pas eu l’idée de tirer la commode !

— Je me suis pas ennuyée. Mais « applette[1] » un peu, pour qu’elle ne revienne pas souffler la bougie.

On dort mal dans un lit étranger ; et puis, je me suis collée toute la nuit contre le mur pour ne pas frôler les jambes de Marie.

  1. Appléter, faire vite.