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claudine à l’école

— Mais non, Mademoiselle, je ne le crois pas mauvais.

— Ça vaut quoi ? 17 ?

— 17 ? Oh ! Mademoiselle, la modestie m’empêche… 17 c’est beaucoup… Mais enfin ils me donneront bien 18 !

Mes camarades me regardent avec une envieuse malveillance : « Cette Claudine, a-t-elle une chance de pouvoir prédire sa note ! Disons bien vite qu’elle n’a aucun mérite, disposition naturelle et voilà tout ; elle fait des compositions françaises comme on ferait un œuf sur le plat… et patati, et patata ! »

Autour de nous, les candidates babillent sur le mode aigu, et exhibent leurs brouillons aux institutrices, et s’exclament, et poussent des ah ! de regret d’avoir oublié une idée… un piaillement d’oisillons en volière.

Ce soir, au lieu de me sauver en ville, étendue dans le lit côte à côte avec Marie Belhomme, je cause avec elle de cette grande journée :

— Ma voisine de droite, me raconte Marie, vient d’une pension religieuse ; figure-toi, Claudine, que ce matin, pendant qu’on distribuait les feuilles avant la dictée, elle avait sorti de sa poche un chapelet qu’elle égrenait sous la table, oui, ma chère, un chapelet avec des gros grains tout ronds, quelque chose comme un boulier-compteur de poche. C’était pour se porter bonheur.