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claudine à l’école

— Il y a que cette grande Anaïs que je tiens ne veut pas laisser la petite Luce coucher avec elle, qu’elle la pince, qu’elle lui met de l’eau dans ses chaussures, et que je veux la faire tenir tranquille.

Silence et froid. Les Jaubert sont trop prudentes pour donner tort à l’une de nous deux. Je lâche enfin les chevilles d’Anaïs qui se relève et baisse sa chemise précipitamment.

— Va te coucher, à présent, et tâche de laisser cette gosse tranquille, ou tu auras une taraudée… qui te cuira la peau.

Toujours muette et furieuse, elle court à son lit, s’y musse le nez au mur. Elle est d’une incroyable lâcheté et ne craint au monde que les coups. Pendant que les petits fantômes blancs regagnent leurs chambres, Luce se couche timidement à côté de sa persécutrice, qui ne remue pas plus qu’un sac maintenant. (Ma protégée m’a dit le lendemain qu’Anaïs n’avait bougé, de toute la nuit, que pour faire sauter son oreiller par terre, de rage.)

Personne ne parla de l’histoire à Mlle Sergent. Nous étions bien assez occupées de la journée qui allait s’écouler ! Épreuves d’arithmétique et de dessin, et, le soir, affichage des concurrentes admises à l’oral.

Chocolat rapide, départ précipité. Il fait déjà chaud à sept heures. Plus familiarisées, nous prenons nos places nous-mêmes, et nous jabotons, en attendant ces messieurs, avec décence et modéra-