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claudine à l’école

Elle lève des yeux de veau :

— Moi, ça m’fait peur, tout ça, et ça me mange les sangs. Ma mère m’a mise en pension, mon père voulait pas, il disait que j’étais bonne à tenir la maison comme mes sœurs, et à faire la lessive et à pieucher le jardin, ma mère a pas voulu, c’est elle qu’on a écoutée. On m’a rendue malade à force de me faire apprendre, et vous voyez ce que ça fait aujourd’hui. Je l’avais prédit ! Ils me croiront à présent !

Et elle se remet à écrire paisiblement.

Là-haut, dans la salle, il fait chaud à mourir ; ces petites, presque toutes rouges et luisantes (une chance que je ne suis pas une nature rouge !) sont affolées, tendues, elles guettent leur nom qu’on appellera, avec l’obsession de ne pas répondre de bêtises. Ne sera-t-il pas bientôt midi, qu’on s’en aille ?

Anaïs revient de la physique-et-chimie ; elle n’est pas rouge, elle, comment serait-elle rouge ? Dans une chaudière bouillante, je crois qu’elle resterait jaune et froide.

— Eh bien, ça va ?

— Ma foi, j’ai fini. Tu sais que Roubaud interroge en anglais par-dessus le marché ; il m’a fait lire des phrases et traduire ; je ne sais pas pourquoi il se tordait quand je lisais en anglais ; est-il bête !

C’est la prononciation ! Dame, Mlle Aimée Lanthenay, qui nous donne des leçons, ne parle pas l’an-